31 janvier 2009

Charte des collections


Comment définir la charte documentaire d'un établissement ? Comment concevoir et rédiger une charte documentaire ? A quoi sert elle ?

Voici quelques unes des questions que je me pose lorsque je consulte, dans les offres d'emploi actuellement diffusées, les postes de responsable de médiathèque existante ou liés à la création d'un établissement, de taille modeste, cela va de soi... Le bibliothécaire est alors seul personnel qualifié dans la structure, et il lui incombe de définir sinon les missions de la bibliothèque, en tout cas la déclinaison de ces missions dans la pratique documentaire de la structure, en particulier dans le domaine des acquisitions.

Pour m'éclairer dans cette réflexion et répondre à mes questions, j'ai consulté plusieurs chartes, disponibles sur Internet, de structures de taille moyenne et petite, et tenté de tirer quelques grandes lignes de mes lectures.

Les chartes commencent pour la plupart d'entre elles par un préambule général sur la mission de la structure, parfois une présentation de son contexte (la commune, la population, les locaux, le réseau documentaire ou culturel, etc.) et une présentation du fonds existant. Puis sont présentées les textes « fondateurs » sur lesquels s'appuie la politique d'acquisition ; manifeste de l'UNESCO, charte du CSB, code de déontologie de l'ABF, mais aussi code de la propriété intellectuelle, loi Gayssot, loi sur les publications destinées à la jeunesse... Dans certaines chartes, à défaut de citer les textes de loi, un paragraphe précise les exclusions, paragraphe dans lequel sont généralement cités les ouvrages à caractère diffamatoire, violent, pornographique, incitant à la haine ou à la discrimination, etc.

Sont ensuite détaillés les principes d'acquisition ; les responsabilités (l'équipe, le responsable...), les outils et les critères de choix (revues professionnelles, niveau des publications, qualité, pluralité, diversité), les sections (adulte, jeunesse), les types de documents (livre, CD, DVD, ...).

Le désherbage, le réassort, la gestion des dons, l'évaluation des collections sont également, selon le degré de précision des chartes, détaillés.
Enfin, on trouve quasiment systématiquement un paragraphe concernant les modalités d'acquisitions, qui fait mention en particulier des marchés publics, du choix des fournisseurs, etc.

En résumé, un plan « standard » pourrait donner ceci ;

Préambule : objet de la charte des collections
  1. Contexte
    La municipalité, l'intercommunalité (si pertinent), les partenaires locaux de la bibliothèque, la population.
  2. Les missions de la bibliothèques
    Missions générales (référence aux textes fondateurs) et « locales ».
  3. Les collections
    Le fonds existant, description des secteurs couverts, de l'accès aux collections, de la répartition par -section, - disciplines, - type de documents.
  4. Les acquisitions
    Responsabilités ; équipe, comité d'acquisition, ...
    Outils ; revues spécialisées, Internet
    Suggestions des usagers (modalités de traitement)
    Critères de sélection et d'exclusion (référence aux textes de loi et autres textes comme la politique d'acquisition en 12 points de l'ABF)
    Répartition projective par -section, - disciplines, - type de documents des acquisitions
    Modalités d'acquisitions ; rappel sur les marchés publics
  5. Vie des collections
    Désherbage (méthode IOUPI)
    Réassort
    Nombre d'exemplaires par titre
L'utilité de cette charte ? Elle me paraît indispensable, en particulier dans de petites structures où les choix, en raison des contraintes budgétaires, sont d'autant plus significatifs et importants. Cette charte doit être à la disposition des usagers (à la bibliothèque, sur le site Internet) et on peut y faire référence, lors notamment des réponses aux suggestions. Elle peut être utile aussi sans doute à l'équipe elle même, dans les débats qu'elle peut avoir en interne sur certains achats. Il me semble aussi important qu'elle soit révisée régulièrement, en tout cas remise en question ; certaines chartes consultées précisent leur durée de validité (3 ans ici, 6 ans ailleurs).

Sa validation par le Conseil Municipal ou/et le Maire est fréquente dans les exemples consultés et il est en effet intéressant d'impliquer les élus dans cette charte, ne serait-ce pour partager avec eux la conscience du travail de sélection qui s'impose au bibliothécaire. La référence aux textes de loi et aux charte/manifeste/code des bibliothèques publiques permet de valider l'impartialité impérative de la bibliothèque et de son équipe.

  • Quelques unes des chartes consultées sur Internet ;
Ploufragan (Côtes d'Armor - 11000 habitants)

Lamotte-Beuvron (Loir et Cher - 4500 habitants)

Herblay (Val d'Oise - 1800 habitants)

Fleury les Aubrais (Loiret – 21000 habitants)

Bibliothèque Départementale d'Ille et Vilaine

  • Quelques lectures sur le sujet ;
Définition et mise en œuvre d'une politique documentaire
J.–L. Gautier-Gentès

Les plans d'achats, Bibliothque Municipale de Brest
Article paru dans le Bulletin des Bibliothèques de France T. 44, n° 2, 1999.

Développement et Evaluation des collections dans les bibliothèques publiques : quelles pratiques et quels enjeux ?
Par Collanges Philippe, Kontogom Marie, Lambert Bertille
Mémoire de recherche (2005) disponible dans la bibliothèque numérique de l'ENSSIB.

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